Le garage Boher

C’est dans cette ancienne usine que Lucien Agnel installe son imprimerie clandestine dès 1940. Auparavant, il s’agissait des usines “GIET-Fabricant de sacs en papier”. En 1939, Joseph Giet, le propriétaire, fonde sa société “Papeteries et Cartonneries de l’Ain – GIET et Cie” avec Lucien Agnel comme un des actionnaires principaux. Lucien Agnel finit par en prendre la tête et y imprimer des journaux clandestins tels “Le Franc-Tireur”, “Le Père Duchesne”, “Le Coq Enchaîné” ou encore “Combat”. Il utilise alors une presse manuelle ainsi qu’une machine à écrire spéciale pour la frappe des clichés. Le journal clandestin “Le Franc-Tireur” est attaché au mouvement résistant du même nom. Créé à Lyon en décembre 1941, le journal est publié en zone libre puis en 1944 à Paris. Il compte parmi ses rédacteurs Marc Bloch, historien spécialiste du Moyen-Âge et mort en déportation, ainsi que Georges Altman, co-fondateur du mouvement Franc-Tireur dirigé par Jean-Pierre Lévy que nous retrouverons plus tard dans la visite. Le journal “Combat” est quant à lui attaché au mouvement Combat fondé par Henri Fresnay. Il paraît dès décembre 1941 et devient vite un des plus grands titres de la presse clandestine. Le premier numéro est imprimé à Lyon par André Bollier dit “Lefranc”, “Carton” puis “Vélin”. Il se charge de l’impression jusqu’à son arrestation le 08 mars 1944. Il réussit à s’enfuir mais meurt lorsque la Gestapo intervient dans son imprimerie clandestine qu’il avait retrouvée après sa fuite. Plusieurs rédacteurs se côtoient pendant la durée de la guerre. Henri Fresnay fait partie des premiers puis viennent Albert Camus, rédacteur en chef qui écrit le numéro 59 du 21 août 1944 sur la Libération de Paris, ainsi que Jean-Paul Sartre qui écrit sept articles sur la Libération de Paris. Le futur Ministre des Affaires Culturelles, André Malraux, fut un de ces rédacteurs.
Juste en face de l’imprimerie se trouvent les usines Grobon utilisées par l’Intendance Militaire depuis 1939. Officiellement nommée le “Centre de Cuirs et Chaussures de Miribel”, l’usine fabrique tous les modèles et pointures des chaussures militaires ainsi que des blousons de cuir. Après la débâcle de juin 1940, les militaires quittent l’usine. Les Miribelans récupèrent ce qu’ils peuvent avant l’arrivée des Allemands. Ceux-ci ne feront que très peu tourner l’usine.

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