Le cimetière

Tombe de Lucien Agnel

Né le 28 janvier 1892 et médaillé de la Croix de Guerre 1914-1918 et plus tard de la Légion d’Honneur, Lucien Agnel est un de ces résistants qui impriment et distribuent des journaux clandestins. À la suite d’Henri Chevalier, un imprimeur lyonnais dont les locaux ont été détruits par la Gestapo, il imprime ses journaux dans les locaux de la Société “Papeteries et Cartonneries de l’Ain – Giet et Cie”. Lucien Agnel tire ainsi régulièrement le journal “Le Franc-Tireur” d’avril 1942 à avril 1944. Il édite également deux autres titres clandestins que sont “Le Père Duchesne” et “Le Coq Enchaîné” à l’aide de Maxime Sommeron, commandant de la 3e compagnie du Camp Didier et futur maire de Neyron. Il imprime aussi occasionnellement le journal “Combat”. Son imprimerie clandestine a fonctionné de juillet 1940 au 15 août 1944. En-dehors de son activité d’imprimeur, Louis Agnel est, avec Henri Deschamps, l’une des figures du mouvement de résistants Franc-Tireur dirigé par Jean-Pierre Lévy au niveau national et dont Henri Deschamps est le représentant local. Louis Agnel devient quant à lui responsable de l’organisation de l’Armée Secrète de son secteur à la fin de l’année 1942 puis chef local des Mouvements Unis de la Résistance. Il fait également partie du Camp Didier, un maquis appartenant à la IVe section de l’A.S. du Rhône. Face à son courage, la commune de Miribel donne son nom au square situé près de la Poste.

Tombe de Henri Deschamps (+ Guillermet)

Henri Deschamps naît le 24 mai 1899. Enseignant en chimie au lycée de la Martinière, il critique l’éducation voulue par Vichy et refuse notamment de commenter la nouvelle devise “Travail, Famille, Patrie” puisque, selon lui, ces principes étaient déjà entièrement respecté sous la IIIe République et que le gouvernement n’avait pas à dicter quoi que ce soit à la population. Il prend contact avec Jean-Pierre Lévy, dirigeant du mouvement résistant Franc-Tireur, le 01er avril 1941 et en vient par la suite à distribuer le journal du même nom à ses étudiants. Au cours de l’année, Deschamps devient le représentant du mouvement dans l’Ain. Sa belle-famille et Lucien Agnel deviennent le noyau du mouvement. Il participe ensuite à la fête du 01er mai 1942 que le gouvernement avait pourtant déplacé au 02 mai. Plus de 2.000 personnes se réunissent cour de Verdun à Lyon. Après leur dispersion, Henri Deschamps crie “Vive la République” et se fait arrêter. Il est libéré le 08 mai et relevé de ses fonctions le 20 mai. Il entre alors pleinement dans la Résistance en devenant membre du comité directeur du mouvement Franc-Tireur sous le nom “Vincent” puis “Garnier”. Chargé de trouver des terrains de parachutage, il rencontre ainsi “Hervé”, dirigeant des Services des Opérations Aériennes et Maritimes puis du Centre d’Opération de Parachutages et d’Atterrissage et devient son adjoint le 01er septembre 1942 sous le nom de “Frit-Bis” après s’être engagé dans les Forces Françaises Combattantes. Après l’arrestation de Joseph “Hervé” Monjaret le 04 avril 1943, Henri Deschamps est forcé de rejoindre Londres où il arrive le 16 avril. Il entre alors dans l’état-major national des Forces Françaises Libres sous le nom “Montagnon” avant de rejoindre le colonel Ravanel à Toulouse et de devenir son adjoint sous le nom de “Vigneron”.
Cette tombe est également celle de la famille Guillermet qui joua un grand rôle dans la Résistance à Miribel. Henri Deschamps épouse Alice Guillermet dans la première moitié du XXe siècle. Ils ont une fille, Henriette, née le 16 août 1929 et impliquée dès ses 13 ans dans la Résistance. En effet, elle distribue des prospectus ainsi que des journaux clandestins. À ce titre, elle reçoit la carte du Combattant. Les cinq sœurs d’Alice ainsi que leur mère participent également activement à la Résistance dans la commune comme nous le verrons plus tard.

Tombe Marie Isidorine Lacroix (née Barse)

Marie Isidorine Lacroix, née Barse, naît le 06 octobre 1884 dans la Creuse. Après son mariage avec Pierre-Henri Lacroix le 02 mars 1911, le couple décide de s’installer au 197 rue des Terreaux à Miribel. Lorsque la guerre débute, elle est alors âgée d’une cinquantaine d’années, son mari ayant perdu la vie lors de la Grande Guerre. Elle ne participe pas à la Résistance active mais de 1942 à 1945, elle accueille quatre enfants juifs dont Etty Wrobel, 7 ans, et son petit frère Georges, 3 ans. Leurs parents, des juifs polonais réfugié à Paris puis à Lyon ont décidé de les mettre en sécurité chez les Lacroix plutôt que de risquer leurs vies. Lors d’une visite allemande, Mme. Lacroix explique que ces enfants sont ses petits-enfants qui habitent chez elle le temps de la guerre. Après la guerre, les enfants Wrobel vont se souvenir de cette dame qui leur a probablement sauvé la vie. Ils vont ainsi demander une enquête auprès de l’Institut Yad Vashem pour lui décerner le titre de Juste parmi les Nations, titre accordé à ceux qui ont choisi de sauver des vies juives au péril de la leur. Le 26 janvier 1998, l’Institut Yad Vashem lui décerne le titre de Juste parmi les Nations à titre posthume. Sur la médaille remise, on peut y lire la citation tirée du Talmud “Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier”. Au 01er janvier 2022, 28.217 personnes possèdent ce titre dont 4.206 français et 25 aindinois.

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